/ La Blonde d’Aquitaine est dans le haut du panier, elle est réputée pour sa viande tendre et peu grasse

La Blonde d’Aquitaine est dans le haut du panier, elle est réputée pour sa viande tendre et peu grasse

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il y a 4 mois

Entretien avec Damien Blanc, 52 ans, éleveur de Blondes d’Aquitaine, à Montdurausse. Il est la troisième génération de la famille Blanc, spécialisé dans l’élevage de cette race à viande présente dans le sud-ouest de la France. Passionné de génétique, il présente ses vaches et ses taureaux aux plus importants concours dédiés aux bovins. 

Gabriel Laborde : Pouvez-vous me raconter un peu comment l’élevage a commencé dans votre famille ?

Damien Blanc : La petite histoire de notre ferme commence avec mon grand-père paternel, Michel Blanc. Notre ferme, les Viarnels, est située sur la commune de Montdurausse, entre les villes de Montauban et Gaillac, dans le nord de Toulouse. C’est le début du Quercy. À l’époque, dans les années cinquante, il était parti s’installer dans une commune voisine en tant que gendre et avait laissé cette ferme à des métayers. Ensuite, les métayers sont partis et mon père a repris la ferme, y mettant quelques vaches. 

Et votre père, Jean, comment a-t-il pris le relais ?

Damien Blanc : Mon père avait fait des études d’ingénieur pour devenir meunier, car du côté de ma grand-mère, ils étaient meuniers à Montauban. Il avait été pressenti pour aider son oncle et son père au moulin. Cependant, il trouvait dommage que cette petite propriété reste inoccupée. Il a donc décidé d’acheter quelques vaches et de les élever en plein air intégral. Cette décision a marqué un tournant pour notre famille, en nous orientant vers l’élevage bovin.

C’est à ce moment-là qu’il a choisi la Blonde d’Aquitaine ?

Damien Blanc : La Blonde d’Aquitaine est une race bien adaptée à notre région du Sud-Ouest, reconnue pour sa robustesse et ses qualités bouchères. Dans les années 70, mon père a commencé par acheter quelques bêtes et à les mettre en plein air intégral. Il a rapidement compris que la portance de nos sols, plutôt argileux, n’était pas très bonne pour ses vaches. Une blonde d’Aquitaine peut peser une tonne, quand le taureau peut dépasser une tonne et demie. Il a fallu investir. Il a fait construire une étable et a agrandi son cheptel. 

 

Comment a-t-il développé l’élevage par la suite ?

Damien Blanc : Mon père s’est ensuite passionné pour la génétique, achetant des bêtes inscrites à l’herd-book, et participant à des concours. En 1985, il a même gagné le prix d’ensemble au concours national de la Blonde d’Aquitaine, pour sa première participation, en présentant un lot de sept bêtes adultes avec les petits. Ce qui a donné une certaine renommée à notre élevage. Cette reconnaissance a été un catalyseur pour l’expansion de notre ferme et a renforcé notre réputation dans le milieu de l’élevage.

Quelle a été votre implication dans cette histoire familiale ?

Damien Blanc : J’ai commencé à m’occuper des vaches laissées par mon père quand il est devenu directeur de la station raciale. Il a occupé cette position pendant 20 ans. Cette station permet de sélectionner les meilleurs veaux pour devenir des reproducteurs. Finalement, en 2004, après mon BTA, je me suis installé officiellement et j’ai modernisé les bâtiments, agrandi le troupeau à environ 50 vaches. Tout confondu, j’ai aujourd’hui un troupeau de 120 à 140 animaux à l’année, avec les veaux et les taureaux. Je fais naître environ 45 veaux par an. Ma ferme s’étend sur 40 hectares. 

Pouvez-vous décrire en quoi consiste votre métier aujourd’hui ?

Damien Blanc : Je suis naisseur. Mon métier consiste à faire naître et élever des vaches, jusqu’à l’âge d’un an à un an et demi. Mes meilleures génisses et mes meilleurs taureaux sont vendus pour devenir des mères et des taureaux de reproduction. Avec mes meilleurs sujets, je fais des concours de beauté, et cela permet de rester en haut de l’affiche, de les vendre à meilleur prix auprès d’éleveurs. Je garde aussi des génisses pour renouveler mon propre troupeau. Je produis également de quoi les nourrir, principalement à base d’herbes, de foin, durant l’hiver et les périodes de sécheresse, et de luzerne qui apporte des protéines. Comme je ne suis pas autonome en céréales, je n’engraisse pas mes vaches sur place, mais je les vends à des engraisseurs. La gestion de l’alimentation est cruciale pour garantir la santé des animaux et la qualité de la viande.

Quels sont les critères de qualité pour vos animaux ?

Damien Blanc : Les critères de qualité incluent des aspects de phénotype, les mensurations de l’animal, et le rendement musculaire. On cherche un compromis entre les qualités bouchères et les qualités d’élevage, comme un bon bassin, avec une bonne position, et large qui permet aux mères de vêler sans problème. En concours, on juge ces critères à l’œil. La génétique joue un rôle clé pour améliorer ces traits et assurer la pérennité de l’élevage. L’évaluation rigoureuse et la sélection des meilleurs reproducteurs nous permettent de maintenir un niveau élevé de qualité et de performance au sein de notre troupeau. En France, aujourd’hui, le cheptel de Blonde d’Aquitaine compte 400 000 bêtes. 

Quelle est la réputation de la viande de Blonde d’Aquitaine ?

Damien Blanc : La Blonde d’Aquitaine est dans le haut du panier. Elle est réputée pour sa viande tendre et peu grasse. On met plus de temps à obtenir du persillé, mais avec un engraissement lent, on obtient une viande de haute qualité. Plus un animal est dessiné, plus on dit que sa fibre musculaire est fine, et particulièrement tendre et de grande qualité. Nous exposons chaque année au Salon de l’Agriculture pour promouvoir ces qualités bouchères, notamment pour faire des rôtis et des steaks. L’association Blonde Pays d’Oc expose chaque année des vaches destinées à la boucherie. Je m’occupe d’organiser cette présentation et je sélectionne les 5 vaches qui sont présentées. Ce salon est une vitrine importante pour nous, car il nous permet de rencontrer des consommateurs, des bouchers et d’autres éleveurs, et de discuter des meilleures pratiques et des attentes du marché. 

Comment faites-vous face aux critiques sur la consommation de viande et l’impact environnemental ?

Damien Blanc : C’est difficile, surtout quand les gens généralisent sans connaître nos pratiques et notre métier. Nos vaches mangent de l’herbe tout le temps. Nous élevons nos animaux principalement dehors, en stockant des fourrages pour les périodes de sécheresse. Nous sommes conscients des enjeux environnementaux et faisons tout notre possible pour produire de manière durable. Cependant, l’image de la viande reste souvent stigmatisée dans les médias et cela nous affecte. On entend aussi des inepties. On souffre d’un manque de considération qui est difficile à vivre. Nous devons expliquer que l’élevage extensif comme le nôtre a un impact bien moindre sur l’environnement que l’élevage intensif pratiqué dans d’autres pays, comme les Etats-Unis. Par exemple, nos méthodes favorisent la biodiversité des prairies, aident à la séquestration du carbone dans les sols et jouent un rôle très important dans la préservation des paysages. C’est à nous aussi de mieux communiquer sur nos pratiques et les spécificités de notre élevage français. Nous devons être fier de notre travail, mais faire mieux sur certains points, car c’est une attente des citoyens. 

Vous avez mentionné le déplacement des Blondes d’Aquitaine en estive. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Damien Blanc : Chaque été, les vaches montent à l’estive en montagne, pour une grande partie des cheptels des Blonde d’Aquitaine du Piémont pyrénéen. Cette pratique traditionnelle permet aux animaux de bénéficier de pâturages riches et naturels pendant la belle saison. C’est un moment important pour nous car cela contribue à la préservation des prairies d’altitude. Cette pratique aide à préserver les paysages montagnards et maintient des pratiques agricoles traditionnelles qui ont un faible impact environnemental. La transhumance permet également de réduire la pression sur nos propres pâturages en plaine, leur donnant ainsi le temps de se régénérer. Mes vaches sont du début du printemps jusqu’à la fin de l’été dans mes prairies.

Faites-vous partie d’une association pour soutenir votre activité ?

Damien Blanc : Je fais partie d’une association d’éleveurs de Blonde d’Aquitaine d’Occitanie. Cela nous permet de partager des dynamiques commerciales et génétiques. Cela nous permet de ne pas rester seuls dans nos fermes. On travaille bien. Je souhaite que la lumière soit faite sur la qualité de notre travail, c’est-à-dire qu’un jour notre savoir-faire soit reconnu à nouveau comme il le mérite. Il faut tenir le coup. 

Vous êtes un défenseur de la polyculture. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi cela est important pour vous ?

Damien Blanc : Avec les évolutions climatiques et économiques, nous nous rendons compte que la spécialisation extrême n’est pas toujours durable. Cela se faisait il y a 40 ans. Revenir à la polyculture – élevage est une manière de diversifier nos activités et de rendre notre exploitation plus résiliente. En combinant l’élevage avec la culture de différentes céréales et fourrages, nous pouvons mieux gérer les risques liés aux aléas climatiques et économiques, sur des exploitations plus petites d’une cinquantaine d’hectares. Cette diversification nous permet aussi de créer un système plus autonome et équilibré, d’exploiter nos sols les plus pauvres. Par exemple, les cultures peuvent fournir une partie de l’alimentation pour les animaux, ce qui réduit notre dépendance aux achats extérieurs. Cela nous permet aussi de valoriser au mieux nos terres. En fin de compte, la polyculture renforce la durabilité de notre exploitation et nous aide à préserver notre savoir-faire agricole.

Image de Damien Blanc

Damien Blanc

Damien Blanc, 52 ans, éleveur de Blondes d'Aquitaine, à Montdurausse. Il est la troisième génération de la famille Blanc, spécialisé dans l’élevage de cette race à viande présente dans le sud-ouest de la France. Passionné de génétique, il présente ses vaches et ses taureaux aux plus importants concours dédiés aux bovins.

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